Skip to content

Au même titre que les corridas, les festivals ou les concours de boules, les joutes appartiennent à la grande fête provençale de l’été. Sport pour les uns, jeu pour les autres, mais spectacle pour tous, elles représentent pour de nombreuses communes du littoral méditerranéen un élément indispensable de l’animation estivale. Mais si les joutes font partie de nos traditions, elles ne sont pas pour autant, contrairement à ce qui est souvent dit, un pur produit provençal.

1 – INTRODUCTION

Historique des joutes

L’origine des joutes nautiques est très ancienne. Certains historiens indiquent qu’elles remontent à I’ Antiquité, les Egyptiens, les Grecs et les Romains s’adonnant déjà à ces combats navals, des jeux spectaculaires et violents.

Jules César créa la « Naumachie», un immense bassin, une sorte d’arène mise en eau pour y organiser des joutes.

En 303, à Strasbourg, durant l’occupation romaine, les joutes figurent dans le programme des festivités en l’honneur de !’Empereur DIOCLETIEN, mais ce n’est qu’au Xllème siècle que les joutes apparaissent dans les archives des fêtes régionales :

• Lyon 1177,
• Aigues Mortes 1270,
• Marseille 1349,
• Toulon 1410.
• Sète les présente à François Ier en 1520,

A la Ciotat, les archives de la ville attestent l’existence des joutes nautiques depuis 1690. A Lyon et Paris, en 1750, les joutes des mariniers semblent, d’après les écrits, plus importantes que nos joutes maritimes.

Ce n’est qu’au XVllème siècle que les joutes apparaissent dans les archives de fêtes populaires. Elles deviennent un sport pratiqué sur toute la côte méditerranéenne, de Sète à Cannes en passant par Arles, pour les fêtes votives et la fête du Roi. A cette époque, les joutes provençales étaient pour nos aïeux l’occasion de joyeux rassemblements.

Il – LES JOUTES A CASSIS

On retrouve, dans les archives des comptes de la communauté de Cassis, en date du 2 juillet 1768, le remboursement de la somme de 15 livres, à François CAILLOL, Capitaine de ville, pour le prix d’un crochet en argent qu’il avait acheté pour être donné en récompense au vainqueur de la joute de la Saint Pierre.
(Série C. C impôts et comptabilité)

En 1867, Frédéric MISTRAL, dans Calendal nous donne une description pittoresque, romancée et détaillée d’un tournoi de joutes à Cassis. Le poème se situe en 1787, donc avant la Révolution française.
Ces manifestations nautiques nous sont confirmées par Alfred SAUREL. Dans les statistiques sur la commune de Cassis, il écrit :

« Même à travers les périodes sombres des révolutions et des guerres, il arrive aux Cassidens de festoyer, chanter, d’allumer des feux de joie au son des fifres et tambourins. Dans les années 1760, la joute accompagnait la fête de la St Pierre. Les vainqueurs reçoivent des trophées, mais la brutalité de ce jeu oblige l’intervention de la maréchaussée marseillaise, pour maintenir l’ordre à Cassis pendant lesfêtes de la St Pierre».

Ces écrits sont confirmés par le Professeur GUIRAL dans son livre Cassis hier et aujourd’hui.

Les traditions s’ancrent réellement au cours de la grande fête locale célébrée à Cassis du 26 juillet au 10 août 1913. Le Comité des fêtes organise des jeux, des courses, des concours de pêche et, le 28 juillet à 15h 00, des joutes nautiques pour les plus de 18 ans.

Cette année-là, juste avant la Première Guerre Mondiale, les premières joutes ont lieu dans le port de Cassis pour distraire quelques jeunes Cassidens. L’inscription est à 0,50 franc. Le premier prix est de 40 francs, le deuxième de 10 francs et le troisième de 5 francs. Parmi les targaïres, on relève déjà des noms qui vont marquer les joutes cassidennes comme Joseph REVEST, Georges BOYER (Père de Désiré BOYER), les patrons pêcheurs Lazare et Joseph MOUTON dit « le Manen », et Joseph ALLEGRE.

L’ouvrier carrier Guiseppe BAGNOL! dit « Mérendoni » se charge de l’organisation de la« targo ».

Pour la première passe, les jouteurs s’affrontent en redingote et chapeau haut de forme. C’est Guiseppe BAGNOL! qui sort vainqueur du tournoi.

Par la suite, les tournois deviennent plus fréquents grâce aux pêcheurs qui prêtent leurs bateaux, sur lesquels on fixe une « tintaine », simple échelle avec une plate-forme. Pour la propulsion elle se fait aux avirons. Il faut voir dans cette manifestation le début d’une grande aventure, mais hélas, la guerre vient interrompre toute manifestation sportive.

Il faudra attendre le dimanche 13 septembre1925, à l’occasion des fêtes de Calendal organisées par le Syndicat d’initiative de Cassis, pour revoir les joutes sur le plan d’eau de notre petit port. Ce jour-là, toute la Provence est à Cassis. On note la présence de Mme Frédéric MISTRAL, des félibres et du Maire de Cassis, M. Augustin ISNARD.

« La mer étincelante couverte de barques légères aux pavois frissonnants, les jeux nautiques où la jeunesse du pays se criblait de coups de lance, la rumeur joyeuse du tambour et du tambourin, ramenaient à l’élément sensible de Calendal: le décor maritime, la navigation sous les astres, la pêche des thons, les longues courses d’amoureux par les solitudes farouches vues de la haute mer et que le poème fait passer devant nous « pleines d’horreur, de soleil et de fleurs», Passo pleno d’ourrour, de souleù et de flous… »

Charles MAURRAS, « Nouveaux Méandres »,,p. 68 (sur le cinquantenaire de« Calendal » à Cassis en 1925) – Ed. du Cadran, Paris, 1931

A noter que pour cette reprise, le moteur ayant fait son apparition, nos Méridionaux, toujours à l’avant-garde du progrès, abandonnent du même coup les avirons.

En 1925, pour l’inauguration de la plaque à la mémoire de Calendal, le premier grand tournoi est organisé par la prud’homie de pêche. Jules CANDIDO gagne devant 125 jouteurs venus des villages de la Côte, donnant à l’équipe cassidenne son premier grand succès.

Il paraît même que certains tournois, en raison de l’importante participation des jouteurs, ne peuvent se terminer, la nuit interrompant les échanges pour des raisons de sécurité.

Jusqu’en 1930, tout en payant leurs déplacements, des jeunes et moins jeunes Cassidens, parmi lesquels Marius LECCESE dit « Calendal » – car il a servi de modèle pour la statue du héros cassiden érigée en 1930 -, Georges BOYER et son fils Désiré, dit« Boite», Joseph JASOLINO dit « Massette », Laurent GALLO, et bien d’autres, vont forger dans les ports de la Côte la solide réputation des jouteurs cassidens.

Création de la Société des« Francs Jouteurs Cassidens »

L’année 1931 est un grand tournant de l’histoire des joutes à Cassis. Un militaire retraité, Monsieur GOURMELON, fonde la Société des « FRANCS JOUTEURS CASSIDENS ». Il en créa le premier bureau, dont il sera le Président. Il restera à la tête de la Société jusqu’en 1940 (ime Guerre Mondiale).
Tout au long des neuf années de sa présidence, il mènera « ses » jouteurs avec enthousiasme et sympathie.
Il leur donnera une tenue : une vareuse de matelot frappée d’un écusson noir portant le sigle de la société: F.J.C., soit Francs Jouteurs Cassidens.
De nombreuses recrues viennent grossir les rangs des Francs Jouteurs : Paul CINQUE, dit «Tagore», Alfred STABILE dit « la douleur », François JASOLINO, Gabriel HURET, Laurent GALLO, et bien d’autres.
Mais la guerre va couper cet élan.

Activités et développement.

Au tournoi de joutes en 1939, les jouteurs cassidens parodient Mussolini, Hitler, Daladier et Chamberlain,
cosignataires des néfastes accords de Munich qui devaient nous conduire à la guerre
.
De gauche à droite : Dodo Ceccarelli, Baptistin Blanc, André Belletti et Baptistin Leccese.

Au lendemain de la Libération, en 1946, malgré de nombreuses difficultés, les pêcheurs Loulou CANDIDO, Désiré BOYER, Albert CATASTINI, Marius VIETTI, Fernand CANDIDO et Gabriel HURET reforment un bureau.
La même année, les jouteurs participent au premier Championnat de France à Cannes. Cassis présente une équipe qui fait figure de « poids plume » au milieu des « poids lourds» de Sète, d’Istres, de Martigues,… mais va tout même terminer Sème sur 21 sociétés engagées. Rappelons aussi que Loulou CANDIDO ne s’inclinera qu’en demi-finale contre le vainqueur du tournoi.

De Gauche à droite : Marius Vietti, Désiré Boyer, Albert Catastini, Fernand Candida et Loulou Candida

En 1948, on retrouve les Cassidens au deuxième Championnat de France qui se dispute à La Ciotat. Ce jour-là, Désiré Boyer ne sera battu qu’en demi­ finale.

Quelques « anciens » jouteurs : De gauche à droite : Gabriel Huret, Désiré Boyer, Emile Maéro et Alexis Rocchia.

Après une période de stagnation jusqu’en 1955, Monsieur Henri NERI, nouveau Président, relance la Société
Dans le courant de cette saison 1955, un projet qui parait absurde et irréalisable prend forme. Il s’agit d’organiser un tournoi de joutes à l’occasion des fêtes locales à Auriol, petit village à 10 km d’Aubagne, en pleine campagne et seulement traversé par un petit fleuve, l’Huveaune.

Pour pouvoir réaliser cette joute, un barrage est mis en place sur le paisible cours d’eau afin d’en relever le niveau. L’ensemble des matériels et équipements comme les deux bateaux, leurs tintaines, plastrons et lances, est acheminé au moyen de camions, pour rallier le petit village.

Ainsi, durant une journée les Auriolais et les touristes se sont sentis transportés sur les bords de la Méditerranée. Ce fut un beau succès.

Nos jouteurs à Auriol. De gauche à droite : Jean Parlato, Paul Markarian, Pierre Boyer. En bas : Michel Revest et Jean-Louis Neri.

L’essor de la Société est marqué par l’arrivée d’éléments actifs nouveaux, six en 1955, six en 1956 et huit en 1957, tous jeunes.
En 1960, le nouveau bureau est toujours présidé par Henri NERI qui se retirera l’année suivante, laissant à Désiré BOYER le soin de lui succéder.
Cette même année est aussi celle de la reprise des compétitions officielles qui avaient été abandonnées depuis 1948. Emile NERI sera demi-finaliste du Championnat de France à Agay.

L’année suivante, en 1961, les tournois vont se succéder à une allure jamais vue. A la fin juillet, à l’occasion des fêtes de Cassis, a lieu la première joute en nocturne. Cette innovation est un véritable coup de maître : plus de 20.000 personnes massées sur les quais acclament les jouteurs pour ce magnifique spectacle.

Les Francs Jouteurs Cassidens au Championnat de France

Après trois mois de joutes, le championnat de Cassis qui sacre Georges BOYER champion seniors et André FOUINEAU champion juniors vient clôturer cette saison exceptionnelle.
On range à regret le matériel, mais au lieu « d’hiverner», nos jouteurs vont élaborer le programme de la future saison.

« Plus qu’hier, moins que demain », devise des Francs Jouteurs Cassidens est une fois de plus respectée. Dès les premiers beaux jours de mai 1962, les tintaines ressortent. Tout le monde s’affaire, on repeint les lances, on répare les plastrons. Un petit local remis à neuf, rue du jeune Anacharsis, devient le bureau des archives.
Le 10 juin, le premier tournoi de la saison a lieu à La Ciotat à l’occasion des fêtes de la Pentecôte. Les seniors Michel REVEST et Georges BOYER enlèvent la Coupe du Conseil Général des Bouches-du-Rhône et Edmond MARKARIAN, en junior, remporte la Coupe de la Société « Janot ».

Ce seront les premières victoires d’une longue série de succès glanés un peu partout sur la Côte.

  • Le dimanche 17 juin à Saint-Raphaël, Michel REVEST est vainqueur dans le Challenge Marcel BLANC qui sera remis en jeu la saison suivante.
  • Le 13 juillet à La Ciotat en nocturne, Cassis bat La Ciotat avec six  « fraire » sur 10 jouteurs.
  • Le lendemain 14 juillet, à Cassis, toujours en nocturne, Francis CANDEAGO,  André FOUINEAU et Edmond MARKARIAN partagent les coupes de la Municipalité.
  • Le 15 juillet à l’Estaque, les Francs Jouteurs Cassidens se classent seconds du Championnat de Provence.
  • Le 28 juillet en nocturne, Cassis bat une nouvelle fois, La Ciotat avec six« fraire » et s’attribue la coupe du Comité des Fêtes.
  • Le 29 juillet, Jo ALLEGRE est vainqueur du 1er tour du Championnat de France.
  • Le 15 août à La Ciotat, Edmond MARKARIAN remporte la coupe du Bar Américain ; le même jour en nocturne à Cassis, les jouteurs cassidens sont vainqueurs du tournoi organisé par le journal « la Marseillaise», et la Société« Ricard ».
  • Le 2 septembre, Jo ALLEGRE remporte la coupe du Casino Municipal de Cassis.

Enfin le 16 septembre, le Championnat de Cassis qui, traditionnellement, clôture la saison a donné les résultats suivants :

Champion seniors: Jo ALLEGRE
Champion juniors: Jean-Max GABRIEL
Coupe vétérans: Alexandre JAYNE.

Le palmarès 1962 est éloquent: Huit tournois gagnés, 8 coupes remportées et une deuxième place au Championnat de France. Ce bilan très positif, qui les classe parmi les meilleures équipes de la Côte d’Azur, montre la valeur atteinte en deux ans par les équipes des Francs Jouteurs Cassidens. Le 10 juin, à la Ciotat, Jack VIETTI est vainqueur du tournoi junior.
Ci-dessous, la composition du Bureau de la Société et de ces équipes, qui ont porté haut les couleurs de Cassis :

Le Bureau:

  • Président d’honneur: M. JUST
  • Président : Désiré BOYER
  • Secrétaire : Stéphan GALLO
  • Trésorier : Georges BOYER

Equipe senior: ALLEGRE Joseph, BOYER Georges, CANDEAGO Francis, BOYER Pierre, JANETTI René, MARKARIAN Michel, MAGNALDI Bernard, PARLATO Jean, REVEST Michel, SIGHIERI Roger, BAYLON Fernand.

Equipe junior: FOUINEAU André, GABRIEL Jean-Max, MARKARIAN Edmond, SIGHIERI Jean-Louis, VIETTI Jack, VANNI Claude.

Les nombreux trophées remportés par les Francs Jouteurs Cassidens. Les entourant de gauche à droite : Edmond Markarian, Georges Boyer, Jo Allègre, Jean-Louis Sighieri, Francis Candeago

 Devant les nombreux succès remportés par les jouteurs au cours de la saison 1962, et l’engouement que suscitent leurs exploits auprès de la population, la municipalité, dirigée par le Dr Emmanuel AGOSTINI, décide d’offrir aux Francs Jouteurs Cassidens deux « bettes», dont la construction est confiée au Chantier Naval TRAPANI, la ferronnerie à MARITANO (père et fils), les moteurs à GAUTIER et les peintures à Gabriel HURET.
C’est donc dès le retour de la belle saison que « Canaille » et « Calendal », peintes de rouge et bleu, aux couleurs traditionnelles des joutes, sont inaugurées officiellement par Monsieur AGOSTINI, maire de Cassis, en présence des Cassidens et de nombreux officiels. Les autorités locales sont toutes représentées: la Municipalité, la Gendarmerie, la Prud’homie de pêche, les A.I.L (Amis de l’instruction Laïque), le Cercle démocratique des pêcheurs, les Sapeurs-Pompiers, le S.O.C (Stade Olympique Cassiden), et les commerçants de Cassis.

Le Père CHANEAC, curé de la paroisse, procède pour sa part au baptême rituel des embarcations. Le chanteur Claude ROBIN est nommé parrain des deux bettes qui effectuent ensuite un tour d’honneur dans le port, sous les acclamations de la foule enthousiaste.

Inauguration du local des joutes : Le Dr Emanuel Agostini, Maire de Cassis, Désiré Boyer, Jules Stabile et au fond, Georges Boyer

En 1963, on fête les 50 ans des joutes qui se déroulent dans le port de Cassis. Les animations sont nombreuses et cette saison commence sous les meilleurs auspices pour les Francs Jouteurs Cassidens. Le palmarès de l’équipe viendra confirmer leurs espoirs.
En effet, le 7 juillet, Cassis gagne la Coupe du Comité des Fêtes à La Seyne. Le 13 juillet, Cassis remporte la Coupe à La Ciotat, puis confirme ce succès à domicile le lendemain 14 juillet, en nocturne, avec la Coupe de la Municipalité.
Le 21 juillet, toujours à domicile, nos Francs Jouteurs s’attribuent le Challenge La Marseillaise, puis la Coupe du Comité des Fêtes le 4 août suivant.

Canaille et Calendal lors de leur mise à flot

Le 11 août à Théoule, pour le Championnat de France, Cassis fait match nul contre Istres, puis gagne la Coupe du Casino Municipal le 1er septembre à domicile.
Enfin le 6 septembre, les Championnats de Cassis voient Georges BOYER remporter la Coupe seniors, et Roger MONETTI la Coupe Juniors.
L’année 1964 ne sera pas moins favorable aux Francs Jouteurs Cassidens :

  • le 17 mai, à La Ciotat, Michel REVEST et Jean-Louis NERI remportent la Coupe.
  • le 24 mai, à Cassis, Jean-Louis NERI obtient une nouvelle
  • le 14 juin, à domicile, Cassis gagne avec 7 « fraire ».
  • le 4 juillet, en nocturne, Georges BOYER est vainqueur à
  • le 14 juillet, à Marseille, Cassis termine 3ème et gagne une coupe, puis le même jour, en nocturne à domicile, c’est Georges BOYER qui est vainqueur.
  • le 19 juillet, à Bandol, Cassis gagne la coupe avec 5 « fraire ».
  • le 26 juillet, à Sanary, c’est Michel MARKARIAN qui remporte le trophée, et en nocturne à domicile, Cassis est vainqueur de La Ciotat avec 6 « fraire ».
  • le 9 août à Cassis, Michel REVEST remporte le Challenge « La Marseillaise ».
  • le 14 août, c’est Georges BOYER qui va gagner à
  • le 15 août, à La Ciotat, Cassis remporte la
  • le 16 à Morgiou, Jo ALLEGRE est vainqueur du
  • le 22 août, en nocturne à Sanary, l’équipe des Francs Jouteurs est vainqueur avec 4 « fraire ».
  • le 23 août, à Cassis, Michel REVEST, Georges BOYER, Charles TIERNO et René Bernard MAGNALDI remportent la Coupe du Casino.
  • enfin, le Championnat de Cassis couronne le 30 août Pierre BOYER chez les seniors, Bernard MAGNALDI chez les juniors, et Gérard FOUINEAU chez les benjamins.

Apéritif des jouteurs au Casino : Paul Morel, J. L Sighieri, B. Magna/di, R Sighieri, G et P Boyer, M. Revest, E et M Makarian

Durant l’année 1965, Les Francs Jouteurs Cassidens se voient attribuer la Coupe du Cercle Nautique de Cassis offerte par le Président NEGRI.
Le dimanche 18 septembre 1966, pour le centenaire de « Calendal » un « Trin » est organisé par le Comité des fêtes présidé par M. Roger BAFFICO, en présence du Majouran du Félibrige Emile BODIN et du Docteur AGOSTINI, Maire de Cassis.
Cette fête sera suivie, dans l’après-midi, par la présentation de danses provençales et de joutes par les Francs Jouteurs Cassidens.
Au cours des saisons suivantes, les Francs Jouteurs continueront de porter haut les couleurs de Cassis sur toute la Côte d’Azur, et au-delà, puisqu’ils iront même affronter avec succès les Jouteurs Avignonnais en 1969, sous le Pont Saint Bénézet.

Championnat de France à Monaco

 L’année 1970 sera exceptionnellement brillante pour nos sportifs, qui, au fil des ans, ont acquis sur la Côte une réputation d’adversaires valeureux, pratiquant une joute franche et dénuée de tout « vice ». Leurs nombreux succès sont le fruit d’une force de frappe exceptionnelle à laquelle l’adversaire ne s’attend pas. Cette puissance dans le coup de lance est le résultat d’un entraînement intensif, aussi bien théorique que physique, qui s’adresse tout particulièrement aux jeunes qui viennent chaque année renforcer les rangs de l’équipe et préparer la relève des anciens.

C’est aussi le résultat d’un travail collectif de toutes les équipes, animées d’un esprit sportif assez rare, et dirigées par un bureau jeune et dynamique, dont les membres participent également aux différents entraînements et tournois.
Ce bureau est composé de :

  • Président : Georges BOYER
  • Vice-président: Jean-Claude BIEL
  • Secrétaire : Michel REVEST
  • Trésorier : Pierre BOYER
  • Jo ALLEGRE et André FOUINEAU : Commissaires aux Comptes

Durant cette saison 1970, les Francs Jouteurs disputeront 25 tournois en moins de 3 mois, dont 6 à domicile. René VIETTI obtiendra la récompense du « plus beau coup de lance », 6 tournois, 6 victoires.
Pendant cette période, plus de 1200 km seront parcourus sur les routes de la Côte, pour aller affronter Agay, Saint Raphaël, Saint Mandrier, Le Brusc, Sanary, La Ciotat, …
Tous les gains, primes et coupes, y compris individuels, resteront la propriété pleine et entière du Club, bel exemple de sportivité désintéressée de la part de chacun.
Les perspectives pour l’avenir de la Société des Francs Jouteurs Cassidens sont nombreuses, à commencer par la création d’une équipe de minimes, afin de poursuivre le développement de ce sport qui soulève toujours l’enthousiasme des spectateurs, autochtones ou vacanciers, et afin de continuer sur la lignée des succès qui lui ont permis au cours des treize dernières années de totaliser 79 coupes, trophées et challenges les plus divers et les plus prestigieux.
De fait, jusqu’en 1979, la Société des Francs Jouteurs poursuivra avec succès son parcours.

En 1980. La municipalité de Cassis commande au chantier TRAPANI deux bateaux de joutes destinés aux Francs Jouteurs Cassidens.

Mais, à l’aube des années 1980, Georges et Pierre BOYER devront, pour des raisons professionnelles, abandonner les responsabilités qu’ils assumaient au sein de la Société. Il ne se trouvera personne pour assurer leur relève, et la municipalité devra se résoudre à céder Canaille et Calendal ainsi que tout le matériel à la ville d’ Agay.

Ill – LE MATERIEL

Les joutes provençales, semblables aux joutes chevaleresques du Moyen Âge, ne sont pas aussi dangereuses, mais demandent autant d’audace, de force et de sang-froid pour ceux qui les pratiquent. Les jouteurs contemporains ont aussi troqué la lourde armure et la cotte de mailles contre un plastron et une lance plus courte et moins pointue.

Les bateaux

C’étaient à l’origine des barques de pêche, en bois évidemment, soit des « eissaugues », hisse-algues, du nom du filet qu’elles calaient, embarcations à fond plat, d’environ 6 mètres, assez grosses, soit des « mourres de pouar », robustes. N’oublions pas qu’elles devaient supporter la tintaine, le patron, les tambourinaires, les rameurs et quelques jouteurs.

Les pêcheurs prêtaient leurs bateaux à la prud’homie organisatrice des tournois en échange d’une partie de l’entretien.

On fixait à l’arrière une sorte d’échelle sans barreau, la « tintaine » d’environ 3 mètres de long, remontant à 2,50 mètres au-dessus de l’eau. Le bateau chargé, les deux tintaines devaient avoir la même hauteur au-dessus de l’eau. Elles se terminaient par une plateforme de 60×70 cm, la « chanlatte » (terme très peu utilisé). Cette plate-forme a subi des transformations au cours des siècles. Elle est aujourd’hui recouverte d’un tapis de la ligue.

Les bateaux étaient propulsés à l’aviron. Ils étaient peints en blanc, avec des listons de couleurs différentes, l’un en bleu, l’autre en rouge, et ornés du drapeau français à l’avant, et du drapeau de la société de joutes à l’arrière.

Plan d’un bateau de joute

A l’heure actuelle, si leur conception reste traditionnelle, ce ne sont plus les « eissaugues » d’antan. Ils sont inspirés des « bettes » créées au XIXème siècle {1849).
Ces embarcations, à fond plat, évitent le mouvement de roulis des barquettes provençales habituellement employées pour ce sport. Plus faciles à manœuvrer, elles obéissent mieux au gouvernail et l’équilibre des jouteurs en est accru.
De plus, pour les tournois se déroulant à l’extérieur, ces embarcations sont aisément transportables par camion.

Leur « carlingage » est en chêne de Provence, leurs membrures en platane, leurs bordées en sapin. Elles sont pointues à l’avant et à l’arrière.
La construction évolue : les bateaux de La Ciotat sont en contreplaqué marine pour les bordées. La bourlingue en acacia, plus saillante que les listons du bateau, est la seule pièce à subir régulièrement des chocs.

On construit aussi avec des bordées en iroko, variété d’acajou safrané qui n’est pas attaqué par les parasites. Le tableau arrière vertical de grande largeur, accentue la stabilité latérale et longitudinale.
Aujourd’hui, il existe également des constructions en polyester de 7 mètres de longueur sur 2,40 mètres de large, mais là, on abandonne la fabrication traditionnelle. Les utilisateurs disent qu’il faut lester ces bateaux et le jouteur sur la tintaine a souvent des difficultés à garder son équilibre.

L’équipement des jouteurs

Si les bateaux de joutes nautiques demandent beaucoup d’entretien et d’amour, le petit matériel que nous allons décrire réclame autant d’attention, de respect et une maintenance bien suivie.
C’est la responsabilité et le travail des jouteurs. Il représente aussi un poste important de dépenses.
De plus, la réglementation technique précise que, pour les compétitions, chaque bateau doit disposer d’au moins 12 lances, 12 plastrons et 12 témoins pour la catégorie senior, 7 lances, 7 plastrons pour la catégorie minime et 7 lances, 7 plastrons pour la catégorie benjamin.

La lance

Le jouteur, pour faire tomber l’adversaire est muni d’une longue lance en bois, souple et solide.
Jadis, ces lances étaient terminées par une plaque ou un bouton. Frédéric MISTRAL nous dit qu’à CASSIS, c’était une « lance mornée », (émoussée). Elle se terminait par un anneau de fer, ce qui pouvait la rapprocher des lances chevaleresques du Moyen Age.

Aujourd’hui, elle dispose d’une couronne crantée, pour lui éviter de glisser sur le plastron.
Les lances doivent être trempées dans l’eau de mer, par paquets de trois ou quatre et toujours remises à plat dans le bateau pour éviter les déformations.

Le témoin

C’est l’accessoire que le jouteur tient dans sa main gauche, pour montrer qu’il ne touche pas la lance de l’adversaire.
Ce peut être un drapeau, une boule de chiffon. Aujourd’hui c’est une boîte de bois en forme de cube comprenant 5 faces de 15 cm de côté avec une poignée à l’intérieur.
Il est obligatoirement tenu fermement par la poignée centrale avec la main gauche.

Le plastron

Jadis, le jouteur comme le chevalier, portait un bouclier dans la main gauche.
Frédéric MISTRAL dans « Calendal » évoque dès 1787 « lou paves carelas », un pavois sur la poitrine, en liège ou en bois.
De nos jours, ce matériel diffère encore selon les régions et la méthode. En Provence, le jouteur porte un « plastron » qui lui sert de protection, mais qui est aussi la cible de l’adversaire.
C’est un panneau de bois rectangulaire de 50 cm de haut sur 48 cm de large, tronqué à l’angle supérieur droit, pour permettre au jouteur d’appuyer l’extrémité de la lance contre son épaule droite.
Légèrement incurvé pour épouser la poitrine, il est bordé par des liteaux de 3 cm x 3 cm pour éviter que la lance de l’adversaire ne glisse hors du plastron, et divisé en 3 ou 4 parties par des liteaux de mêmes dimensions, qui permettent ainsi de bloquer le coup de lance.
Il est peint en rouge, bleu ou blanc selon les couleurs de la société. Enfin, il est muni de deux bretelles et d’une encolure pour l’obliger à rester sur le devant de la poitrine. Il existe trois tailles de plastrons, selon la catégorie des jouteurs (senior, minime, benjamin).
C’est l’accessoire qui a subi le plus de modifications, en vue d’améliorer la protection des jouteurs.

Le coussinet

Entre la poitrine du « targaïre » et le plastron, se place un coussin pour amortir les chocs. Il est constitué de 2 plaques de mousse, l’une plus dense que l’autre, la plus dure contre la poitrine, la plus molle côté plastron.
Il est de forme rectangulaire avec une échancrure sur le côté inférieur droit et renforcé dans l’angle supérieur droit où s’appuiera la lance. Il s’est épaissi au cours des années pour l’amélioration de la protection du jouteur. Ses dimensions sont légèrement inférieures à celles du plastron. L’épaisseur est de 5 à 6 cm pour les seniors. Il est suspendu au cou par une attache, large de 4cm.

la tenue vestimentaire

Chaque société possède son propre costume. Pour tous, il se compose d’un pantalon blanc (sauf pour Saint Mandrier), d’un tricot à manches courtes ou longues avec des couleurs et publicités différentes et d’une taillole à ses propres couleurs. Les manches longues sont préférées pour éviter les éraflures.
Dans toutes les manifestations, amicales ou officielles, les jouteurs doivent se présenter en tenue complète. Sans cela, ils peuvent se voir refuser l’accès à la compétition par l’organisateur.
En 1980, à CASSIS, le tricot était blanc, bordé de bleu, avec une large bande bleue en diagonale et la taillole bleue.
La tenue des jouteurs doit être une tenue sportive, mais d’une certaine élégance. La chanson « la Targo » le dit bien :

Per plaire ei fiheto,    Pour plaire aux jeunes filles
Quand anas targa,    Quand vous allez jouter,
Fan de pampalheto,    Il faut des paillettes d’or,
Bèn estre habilla.    Bien être habillé

IV – l’ORGANISATION DES TOURNOIS

le défilé

L’une des caractéristiques du cérémonial est le défilé avant les combats. Autrefois, il y avait les invités de prestige, les autorités du village et tout autour du port, moins encombré qu’aujourd’hui, s’amassait un public nombreux.
Le chef de file criait toujours: « escartaz vous, escartaz vous! ». Les prud’hommes organisateurs, coiffés de leur toque, ouvraient la marche en costume de cérémonie noir, puis venait la fanfare de CASSIS qui jouait avec parfois quelques notes discordantes.

Défilé pour la fête de la St Pierre

« Mon Dieu, qu’elle était belle cette fanfare ! » se souviennent les Anciens. Puis venaient les jouteurs à fière allure, lance sur l’épaule…, les rameurs, les barreurs, les ramasseurs, récupérateurs, secouristes … et tous ces acteurs s’avançaient, salués par un public hurlant de bonheur, dans l’attente des premiers plongeons.

La passe

Dans la pratique, la joute provençale est très simple. Elle consiste en un combat entre deux hommes qui se trouvent debout sur la « tintaine ». Lorsque les bateaux se croisent, le jouteur doit jeter l’adversaire à l’eau, à l’aide d’une lance.

Avant chaque tournoi, les Présidents ou leurs représentants déposent une liste des jouteurs par catégorie sur la table du jury, ainsi que toutes leurs licences.

En aucun cas, la société organisatrice ne devra accepter de jouteurs non licenciés, ou sans certificat médical et sans autorisation parentale pour les mineurs.
Après tirage au sort de l’ordre de passage, l’appel est fait par le jury qui attribue un bateau (rouge ou bleu) à chaque jouteur.
Sur chaque bateau :

  • un jouteur reçoit l’ordre de monter sur la « tintaine »,
  • il porte le costume de sa société,
  • il met le coussinet, harnache le plastron,
  • puis, il monte sur la plate-forme, sa lance dans la main droite, le témoin dans la main gauche.

Les bateaux se croisent une première fois. Au début du XXème siècle, existait le coup symbolique de la première passe. Les deux jouteurs étaient en grande tenue, avec le chapeau de paille enrubanné. Ils se saluaient, puis, par convenance, ils tombaient tous les deux à la mer. Le chapeau de paille flottait, poussé par la brise vers les quais, on sifflait, criait, applaudissait, c’était le début du spectacle.
Aujourd’hui, chaque jouteur sur la plateforme, lance verticale, salue le public et son adversaire. C’est la passe d’honneur, la passe de courtoisie. La joute doit rester chevaleresque et jolie.
Les deux bateaux reviennent à la position de départ. On vérifie la position des plastrons; les jouteurs doivent avoir le pied gauche sur l’avant de la ligne blanche du plateau de la tintaine, le pied droit sur l’arrière. Ils s’appuient sur leur lance placée en diagonale, la pointe posée sur un taquet de la « tintaine », l’autre extrémité contre l’épaule droite protégée par le coussinet.
Lorsque les étraves des bateaux arrivent à la même hauteur, bâbord contre bâbord, les jouteurs lèvent la lance. Le bras gauche horizontal, chacun pointe sa lance sur le plastron de l’adversaire.
Dans la joute provençale, le jouteur s’envoie sur l’adversaire, mais le coup de lance doit toujours atteindre directement la « zone gabarit » correspondant à l’emplacement « normal » du plastron.

Une belle passe Remarque: les jouteurs n’ont pas de témoin

Frédéric MISTRAL décrit parfaitement ce passage :
Calenda/, Chant VI

Parié de lanco e de mesure,
Proumte, cadun, zou ! atesuro
Oins lou pitre de l’autre un fourmidable cop ;
Li bèto brandon e fan àrri ;
Ensén li bosse giblon… Arri !
Cracinon… Quicho, tuerto-bàrri !
Se roumpon à la fes coume dous brout d’isop…

Egaux de lance et de mesure,
Chacun, avec promptitude, assène
Dans la poitrine adverse un formidable coup ;
Les bateaux branlent et s’écartent,
Les hampes fléchissent… En avant !
Elles craquent… Va, bélier de rempart!
Ensemble elles se rompent comme deux brins d’hysope…

Calendal dit en provençal :

lèu, me rampoune à l’escaletto,
Hopo ! L’autre fai la toumbaroletto.

Moi, je me cramponne à l’échelle,
Houp là là ! Lui fait la culbute.

L’affrontement se termine lorsque l’un des deux jouteurs tombe à la mer, et alors éclatent la musique des fifres et des tambourins ainsi que les applaudissements du public. Parfois, les deux jouteurs s’envoient mutuellement à la mer. Et comme le veut la tradition, ils nagent l’un vers l’autre et se font l’accolade.
Comme jadis, le vainqueur doit faire un tour d’honneur, lance levée. La couronne de laurier a disparu des récompenses, mais il recevra un trophée, une coupe et ce, toujours au son des fifres et des tambourins.

Le plan d’eau

Les joutes nécessitent un plan d’eau important. Il est nécessaire de l’aménager de façon à pouvoir faire évoluer les bateaux de joutes, les petits bateaux récupérateurs (appelés ramasse-morts) mais aussi les bateaux qui participent au spectacle.
Jadis, on installait des pontons pour les spectateurs de prestige et les membres du jury. Parfois, au quai, un remorqueur, celui qui vraisemblablement transportait les Marseillais à Cassis, était amarré au petit môle. Il embarquait souvent les personnalités.
A Cassis, les joutes se déroulaient entre le quai Barthélémy et le quai des Moulins. Ce plan d’eau n’était pas encore encombré par les pannes et les nombreux bateaux qui y sont aujourd’hui amarrés.

Les barreurs

Les barreurs doivent être en possession du permis bateau et être licenciés. La vitesse du bateau sera déterminée par le jouteur dans la mesure du raisonnable.
A partir du coup de lance, il est interdit au barreur de débrayer, ralentir, accélérer, faire marche arrière ou inverser le sens de la barre. La vitesse conseillée est de 6 km/h soit 3 nœuds environ. Les « tintaines » doivent se croiser à environ 40 cm l’une de l’autre.

Le Jury

Le jury se composait de prud’hommes, c’est-à-dire d’un magistrat et de ses assesseurs. Il désignait les barreurs, les commissaires de bord auxquels le jouteur devait obéir. Ces derniers, au nombre de sept, étaient vêtus d’un costume de cérémonie. Ils arbitraient les combats et veillaient à ce que le

Le comptage des points

 En méthode provençale, l’attribution du titre de champion se fait aux points. Ce sont les arbitres du tournoi qui décident du nombre de points attribués aux jouteurs ou peuvent déclarer une disqualification. On en déduit que le dernier tournoi, appelé la « FINALE » peut être gagné par un jouteur qui ne remportera pas le titre de « champion ».
Tout au long du tournoi, le jouteur marquera 8 points toutes les fois qu’il sera déclaré vainqueur d’un adversaire. Mais des sanctions peuvent être prises par les arbitres au cours du tournoi et les points acquis seront diminués en fonction de celles-ci.
Le règlement de la F.F.J.S.N. précise que tout jouteur qui recevra un avertissement sera débité de 4 points et au dixième, sera éliminé. Si l’une des lances se brise lors de la passe, celle-ci est déclarée nulle et n’est pas prise en compte pour le jouteur.

IV-   L’ORGANISATION NATIONALE

Les joutes nautiques, l’un des plus anciens jeux populaires et certainement le plus spectaculaire, vont devenir un sport avec la création de sociétés à partir de 1880.
On impose des règles et organise des rencontres amicales et officielles. L’agrément du Ministère de la Jeunesse et des Sports est attribué à ces sociétés pour donner naissance, le 21 avril 1991, à la Fédération des Joutes et Sauvetage Nautique.
Un nouveau règlement des joutes provençales est apparu en mai 2013.
La victoire, le championnat s’obtient par le nombre de points obtenus. Les arbitres et divers commissaires règlent les litiges.
Si le gabarit des bateaux n’est pas réglementé, les dimensions de la « tintaine » et de la plate-forme doivent être respectées ainsi que la longueur de la lance, le harnachement des plastrons, le témoin, etc. Les fautes seront sanctionnées plus ou moins sévèrement allant de l’avertissement à l’élimination.
La réglementation est sévère sur la tricherie, les formes de violence en actes ou en paroles.

Le jouteur doit prendre connaissance du règlement et ne pas oublier que la joute est une fête, un spectacle populaire, un combat courtois afin de ne pas détruire l’esprit de ce sport antique.

Les différentes méthodes de joutes

Les techniques de joutes ne sont pas les mêmes. On parle ainsi de méthodes

  • provençale
  • languedocienne
  • parisienne
  • givordine
  • alsacienne
  • lyonnaise

Toutes ces méthodes sont sous la tutelle de la Fédération Française de Joutes et de Sauvetage Nautique à laquelle nous sommes affiliés.
Celle-ci est composée de 27 membres issus de toute la France, représentant toutes les méthodes.
Elle établit les statuts, les règlements et vérifie le bon fonctionnement des ligues, administrativement et financièrement. Son souhait est de créer une seule méthode, mais elle se heurte à de grandes difficultés et à la réticence des jouteurs attachés à leur pratique traditionnelle.
Dans l’organigramme de la Fédération, nous figurons dans la Ligue PACA, qui est composée du Comité de Provence et du Comité Côte d’Azur.
Pour le Comité de Provence, huit villes pratiquent aujourd’hui les joutes. Les joutes sur fleuves ou rivières ont pratiquement disparu, sauf en ARLES, où elles perdurent.
Toutes les associations sont régies par la loi de 1901 et ont pour but d’organiser des animations nautiques.

VI – LE « RENOUVEAU » DES JOUTES A CASSIS

Durant des décennies, les joutes nautiques ont animé le port de Cassis pendant les fêtes patrimoniales. Mais pourquoi une nouvelle flamme ne viendrait-elle pas aujourd’hui animer les jeunes Cassidens, afin qu’ils puissent reprendre le flambeau de leurs aînés… ?
En 2005, à l’initiative de la municipalité et de Cassis Animation, des joutes sont organisées pour les fêtes de la St Pierre avec le concours des bateaux de l’Estaque.
En 2010, après trente années de sommeil et sous l’impulsion du Cercle Nautique de CASSIS, une section de joutes est à nouveau créée. Elle reprend le nom « Les Francs Jouteurs Cassidens » en hommage aux anciens jouteurs de Cassis.
La machine est lancée, tout va aller très vite, après l’achat du matériel et des costumes. Le samedi 24 juillet 2010, le premier défilé des « targaïres » traverse les rues du village, drapeau en tête, avec fifres et tambourins, puis viennent les prud’hommes comme au temps jadis, les jouteurs de la Ciotat, de l’Estaque, de Martigues et nos 25 jouteurs dont 7 féminines ferment la marche.

Les quais sont noirs de monde, touristes et Cassidens applaudissent ces nouveaux chevaliers des mers. De temps à autre, un speaker amateur intervient pour quelques commentaires.
En novembre 2010, la ligue PACA, dirigée par M. Henri FELTRIN offre au Cercle Nautique de Cassis deux bateaux de joutes à l’état d’épaves.
Ces deux bettes, renflouées et récupérées à Marseille, étaient en état d’innavigabilité et d’abandon. Une équipe motivée et bénévole a étudié la remise en état et la motorisation de ces bateaux et l’ensemble des travaux a été confié au Chantier Naval TRAPANI.

Après les formalités, effectuées auprès des Affaires Maritimes, le Cercle Nautique de Cassis représenté par Monsieur Daniel GILER en devient propriétaire.
« Canaille » et « Calendal » sont baptisés le 28 juin 2011. Comme le veut la tradition, fifres, tambourins, danses et chants provençaux accompagnent cette manifestation.

Les Francs Jouteurs Cassidens ont besoin de bateaux lourds et puissants pour résister au mistral pendant les tournois. Ces « bettes » sont en acajou, et équipées d’un moteur de 22 cv qui leur permet de manœuvrer court et rapidement, ce que nos jouteurs apprécient.
L’excellente ambiance qui règne au sein de l’association a permis la création d’une école de joute ouverte de mai à septembre, où sont inscrits une quinzaine d’enfants et 24 seniors. Chaque année, trois tournois ont lieu, dans le cadre des animations organisées par le Cercle Nautique de Cassis.
On défile toujours dans une ambiance musicale et festive, on chante « la joute » et la« Coupo Santo» pour clôturer les manifestations.
Grâce aux entraînements et aux encouragements qu’ils reçoivent, les Francs Jouteurs Cassidens vont ainsi, comme leurs aînés, se rendre sur toute la Côte et commencer à porter haut les couleurs de Cassis.

En 2013, nos benjamins sont finalistes de la Coupe de France et pour la saison 2014, notre plus jeune benjamin parvient en demi-finale du championnat de Provence, nos minimes remportent la coupe de Provence et les seniors participent vaillamment au championnat de France.

De bas en haut et de gauche à droite : Rémy Saitelay, Sébastien Bruaux, Vincent Saitelay, Léon Save De BeaurecueilCharles Gonon, Elias Boumilat, Corentin Trigano

VI   – CONCLUSION

Ce recueil nous a fait découvrir les joutes, jeu provençal particulièrement spectaculaire, avec ses acteurs et son matériel.
Il nous a permis de mettre en évidence la tradition et la motivation, le compromis entre le nouveau et l’ancien, les règles positives et négatives de ce qui est maintenant un sport.
De toute façon, on ne joutera jamais à L’Estaque comme on joute à Sète et à Saint Mandrier, car tous les jouteurs sont attachés à leur jeu spécifique.

Avec « Canaille » et « Calendal », Cassis verra ainsi revivre une partie de son histoire et de son patrimoine culturel, au son des fifres et tambourins, et des chants et danses de nos groupes folkloriques.
Souhaitons que demain, les Cassidens joutent comme leurs anciens, avec courage et hardiesse et que les filles soient à l’honneur.

Nous terminerons en rappelant à nos jouteurs la devise du héros de Mistral, le pêcheur d’anchois CALENDAL:

« Humble avec les humbles et plus fier que les fiers ».

Back To Top
Rechercher